Turbide by François Racine

Turbide by François Racine

Auteur:François Racine [Racine, François]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction
ISBN: 9782764431993
Éditeur: Québec Amérique
Publié: 2016-10-11T04:00:00+00:00


On a passé la journée à l’appart avec pour but de s’offrir un marathon Tarantino comme dans les bonnes années, à commencer par Pulp Fiction, le meilleur d’entre tous, que j’ai bien dû voir une douzaine de fois et où y a toujours de quoi de neuf malgré tout pour me surprendre, avec sa trame sonore de tous les yâbes, quasi aussi vargeuse que le film en lui-même. Turbide connaissait comme moi pas mal de répliques par cœur, on les gueulait ensemble aux moments voulus, on avait ben du fonne, sauf que ça gossait un peu Cam, qui ne l’avait vu qu’une seule fois, le chef-d’œuvre tarantinien, et ne l’ayant pas trop compris la première, voulait se reprendre maintenant et trouvait qu’on lui mettait des bâtons dans les grands jouaux. Elle a fini par abdiquer, par se rendre à l’évidence qu’elle n’y pouvait rien, il était fébrile d’exultation pas tenable, le tchommé, il se comprenait à peine, tellement c’étaient des saprés bons souvenirs pour lui, tonitruant de rire à chaque virilente réplique assassine, il frappait dans ses grosses paluches, s’avançait sous tension puis donnait de grands coups en rabattant sa corporence sur le dossier du divan, il capotait, et Cam l’a laissé faire, elle s’est dit qu’elle visionnerait le film une autre fois pour en saisir les subtilités et est allée se préparer en cuisine une léguminante salade pour souper avant son quart baobabien. Elle est revenue la manger en notre bruyante compagnie devant la scène du tordu prêteur sur gage BDSM, et Turbide s’est mis à loucher vers elle.

— Câââlice, ça manque de viande, mais ç’a l’air crissement bon pareil, c’t’affaire-là, je peux-tu t’en prendre un bol ?

Cam, toute gentille qu’elle est, commençait à en avoir plein son auréole, de sa vacarmante présence à l’appart, ça paraissait, la soirée au café lui ferait du bien sans nul doute, elle lui a servi des yeux qui voulaient tout dire, mais qu’il n’a pas su lire.

— Y en a plus, j’ai juste mélangé deux trois affaires qu’y nous restait dans le frigo.

— Ah, OK, c’est pas grave, t’as juste à me faire goûter, d’abord, je t’en prendrai pas gros.

C’était un bol de rien du tout, qu’elle s’était fait, et c’était son souper avant un gros soir de travail, il ambitionnait pas mal, encore tout centré sur son nombril retombé en enfance. Cam a regardé son bol, a soupiré, elle n’avait qu’une fourchette et rechignait avec raison à le faire goûter à même, on ne savait plus trop quelles bébites hépatiques il pouvait avoir contractées, maintenant qu’il frayait avec les vieux vicieux malvats du Village en perpétuelle chasse aux éphèbes. J’ai vu son premier malaise, à notre amie mère veilleuse, et j’ai vu aussi son second, celui de ne pas vouloir laisser transparaître le premier. Elle a pigé dans son bol, hésitante à contrecœur pas ragoûtée, puis a tendu la fourchetée à Turbide, qui se l’est fourrée en pleine goulue gueule comme pour l’envelopper du plus de salive possible, a mastiqué bouche bée, puis a conclu que c’était vraiment pas si pire, pour de quoi de pas viandu.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.